14
Elle retint son souffle, attendant sa réaction, mais il ne bougea pas. Seigneur, qu’est-ce qu’elle venait de faire ? Il devait probablement être en train de se moquer d’elle. Ou pire, en train de chercher quelque chose à dire qui ne la vexerait pas.
Elle recula d’un pas, et il s’assit.
— Viens là, dit-il d’une voix rauque de sommeil ou de… quelque chose.
Il lui prit le poignet et l’attira près de lui, puis posa son front contre sa cage thoracique, et ses mains sur ses hanches. Elle s’agenouilla sur la moquette rêche, puis passa les bras autour de son cou et le regarda droit dans les yeux dans la quasi-obscurité. Comme d’habitude, elle fut incapable de déchiffrer son expression.
— Je ne crois pas que je vais pouvoir me rendormir, dit-elle.
— Alors n’essaie pas.
Une petite vague d’excitation traversa son corps entier, et elle pensa qu’il allait l’embrasser, mais il n’en fit rien. Au lieu de ça, il fit glisser ses mains chaudes et les posa sous ses seins, puis caressa doucement ses tétons avec ses pouces jusqu’à ce qu’elle frissonne des pieds à la tête. Puis il la fit légèrement reculer et parcourut son corps des yeux, donnant à Feenie la sensation d’être belle, intimidée et impatiente à la fois. Elle était heureuse que la lumière soit faible – seulement un trait de lumière grise qui filtrait à travers le hublot. Elle se demandait ce qu’il pensait d’elle. Il déplaçait lentement ses mains, presque avec révérence, comme s’il voulait mémoriser toutes les courbes de son corps, même celles qui n’avaient pas grande importance pour elle. Le contraste de ses paumes rêches contre sa peau douce la fit frissonner.
Pourquoi est-ce qu’il ne l’embrassait pas ?
Elle s’approcha. Elle frotta sa peau nue contre son jean. Il referma ses jambes autour d’elle, la maintint fermement tout en emmêlant ses doigts dans ses boucles et – enfin – posa ses lèvres sur les siennes.
Son baiser fut passionné et pressant, la faisant fondre complètement de l’intérieur. Un mélange grisant de désir sexuel et d’hystérie tourbillonna en elle ; elle n’arrivait pas à croire que ça arrivait enfin. Elle laissa tomber toutes ses défenses. Une petite voix dans sa tête lui disait qu’elle allait le regretter, mais elle l’étouffa pour se concentrer sur Juarez et sur ce qu’il lui faisait ressentir.
Ses muscles se gonflèrent quand elle agrippa ses cuisses à travers le jean. Il descendit de la banquette et s’agenouilla devant elle ; elle passa la main dans ses cheveux épais et en bataille pour qu’il penche la tête et l’embrasse de nouveau. Elle s’appuya contre lui, savourant le goût musqué de sa bouche, le léger grattement de son menton contre le sien, la douceur fraîche de son T-shirt. Elle baissa les mains pour le sortir de son jean, mais il s’accrocha dans quelque chose.
— Attends, dit-il et, pour la première fois, elle remarqua son holster.
Il le retira et le posa sur le côté. Puis il passa son T-shirt au-dessus de sa tête et elle posa immédiatement les mains sur la poitrine qu’elle mourait d’envie de toucher depuis le jour où il avait coupé son arbre. Elle adorait ses contours forts, la façon dont son pouls battait sous les paumes de ses mains. Même s’il ne le disait pas, elle savait qu’il avait envie d’elle autant qu’elle avait envie de lui.
Le martèlement de son cœur le lui prouvait ; le renflement de son pantalon aussi.
Il passa ses bras autour d’elle et l’attira contre lui. Il l’embrassait férocement, avidement, d’une manière totalement différente de Josh. Elle se demandait ce qu’il y aurait d’autre de différent, et son pouls s’accéléra.
Puis il se releva, la prenant par surprise.
— Viens.
Il l’aida à son tour à se relever.
— On va se brûler avec le tapis.
Se brûler avec le tapis. Comme c’est romantique.
Elle regarda son dos nu tandis qu’il la prenait par la main pour l’emmener dans la chambre, et soudain, la situation prit toute sa réalité. Ses nerfs menaçaient de se mettre à bouillonner, alors elle s’assit sur le bord du lit et essaya de se ressaisir. Il la regarda tandis qu’elle-même le regardait retirer ses bottes et son jean. Il lui vint à l’esprit qu’elle devait peut-être faire quelque chose tout de suite, quelque chose de sensuel et séduisant, mais elle demeura totalement à court d’idées. Elle ne pouvait faire que le regarder et sentir son sang bouillonner dans ses veines.
Totalement à l’aise avec son corps, il s’allongea à côté d’elle et l’attira contre les oreillers frais. Il se redressa sur un coude et posa la tête dans sa main, ses yeux noirs braqués sur elle. Il était si près qu’elle sentait la chaleur de sa peau sans même qu’il ait besoin de la toucher. Il se pencha en avant pour l’embrasser, et elle se raidit.
Il s’arrêta.
— Qu’est-ce qui ne va pas ?
— Rien.
— Détends-toi.
— Désolée.
Elle essaya de sourire.
— Je suis un peu nerveuse, je crois.
Elle attendit qu’il fasse une blague, mais il ne dit rien. Il se contenta de la regarder, et l’intensité de son regard lui coupa presque le souffle. Elle pencha la tête pour l’embrasser, et il roula sur elle, l’écrasant sur le matelas sous son poids robuste. Oh mon Dieu. Elle serra les dents pour s’empêcher de dire quoi que ce soit, et caressa ses bras et ses épaules tandis que sa bouche descendait le long de son corps.
— Tu trembles, dit-il contre son sein.
Son haleine chaude la chatouillait et elle frissonna de plus belle.
— Je sais. J’arrive pas à m’en empêcher.
Elle s’éclaircit la voix.
— Ça fait un moment pour moi.
Sa bouche remonta jusque dans son cou.
— Quel gâchis, dit-il. Ça fait des années que j’ai envie de toi.
— Des années ?
— Ouais.
Il embrassa la peau sous son oreille, suça légèrement, et elle dut passer ses bras fermement autour de son cou pour contrôler ses tremblements.
— Depuis le premier jour dans ton allée. Tu portais une petite jupe sexy et tu tirais avec ton .22.
Elle recula pour le regarder.
— Tu étais attiré par moi à ce moment-là ?
Il sourit.
— Ça m’a vraiment excité, ta façon de te servir de ton arme.
Puis il pressa violemment sa bouche sur la sienne ; elle était à peu près certaine qu’il avait fini de parler. Ses baisers devinrent de plus en plus fiévreux, ses mains plus pressantes, et Feenie se tortilla contre lui pour le sentir le plus fermement possible.
La petite pièce commença à ressembler à un sauna au fur et à mesure que la peau de Juarez s’humidifiait contre la sienne. Il la touchait comme s’il ne pouvait jamais s’en lasser, comme s’il était désespéré, et elle le caressait avec la même ardeur en faisant glisser ses mains dans son dos, embrassant et pinçant sa peau salée. Elle ferma les yeux et sentit le plaisir se répandre à travers son corps comme une drogue, qui l’étourdit, lui donna le vertige. Elle ne s’était jamais sentie aussi désirée, jamais. Puis alors, il murmura son nom, et elle s’ouvrit à lui ; et, dans un instant déchirant et bouleversant, ils s’unirent.
Elle haleta et ouvrit les yeux.
Il avait les yeux baissés sur elle, le visage tendu d’une passion contrôlée, les muscles du cou gonflés. Les efforts qu’il faisait pour se contrôler déclenchèrent en elle une sensation bien cachée, et son corps entier se mit à vibrer d’émotion. Il lui adressa un regard interrogateur, et elle hocha légèrement la tête avant de le serrer contre elle. Puis elle rejeta la tête en arrière et s’abandonna.
Cecelia enfila le négligé et observa son reflet dans le miroir de la salle de bains. Robert l’aimait en noir. Il l’aimait encore plus toute nue, mais ce soir, elle voulait faire un extra pour mettre l’ambiance. Le sexe à la demande n’était plus aussi facile qu’à l’époque de leur mariage, surtout depuis que les calendriers d’ovulations s’en mêlaient.
Elle vaporisa une dose de parfum dans l’air et passa dans le nuage. Elle ne voulait pas le dominer, juste lui faire l’allusion.
Comme s’il en avait besoin. Il savait pertinemment quel jour on était, et elle essaya de ne pas penser que c’était peut-être la raison pour laquelle il avait pratiquement bondi du lit le matin même en prétendant être en retard pour une réunion. Il avait travaillé extrêmement tard également, mais ce n’était pas de sa faute. Il n’y pouvait pas grand-chose, si un client débarquait en ville à la dernière minute. Il avait dû emmener le type dîner, et le dîner s’était transformé en quelques verres au bar des sports.
Du moins, c’est ce qu’il lui avait dit, et elle avait choisi de le croire. Pourquoi mentirait-il, d’ailleurs ? Elle savait, elle savait, qu’il voulait des enfants autant qu’elle. Il en parlait sans cesse. Il avait même déjà évoqué des prénoms, pour l’amour du ciel.
Ce n’était pas seulement pour elle. C’était pour lui, aussi.
Elle ébouriffa ses cheveux, ajusta sa nuisette et se rendit dans la chambre.
Où elle trouva Robert endormi sous les couvertures. Il n’avait même pas pris la peine d’éteindre la lampe.
Elle se glissa près de lui en soupirant. Peut-être devait-elle simplement le laisser dormir. Mais il avait une autre réunion matinale le lendemain, et c’était aujourd’hui le grand jour.
— Robert ?
Il roula vers elle, les yeux toujours fermés, et passa un bras autour de sa taille.
— Hmm ?
— Chéri… tu dors ?
— Hmm…
— Chéri ?
Il ouvrit enfin les yeux et la regarda, remarquant manifestement la dentelle noire et le parfum. Il ferma brièvement les yeux, et Cecelia sentit son cœur sombrer.
— C’est pas grave, dit-elle en se retournant.
Combien il était humiliant de devoir supplier son propre mari ! Elle pensa au temps qu’elle avait passé à l’aérobic, au tennis et dans les boutiques Vicroria’s Secret. Et il ne prenait même pas la peine de rester éveillé.
— Hé.
Il s’assit et posa la main sur son épaule pour qu’elle se retourne.
— Je suis seulement fatigué, Celie. Il est vraiment tard. Est-ce que c’est aujourd’hui… ?
Elle hocha la tête.
— Il reste encore demain matin si tu…
— J’ai une réunion très tôt.
— D’accord.
Elle ferma les yeux.
C’était tellement pathétique ! Et, pour aggraver la situation, elle sentit des larmes lui brûler les yeux. Seigneur. Ce n’était pas censé se passer comme ça.
— Allez, viens, dit-il en touchant le bord de sa nuisette. Je n’essaie pas de te faire de la peine ou quoi que ce soit.
N’essaie pas de… alors, il était pour, ou pas ? Elle ne savait toujours pas.
— Retire ça, dit-t-il.
Et elle obéit.
Feenie était allongée dans le noir, la tête blottie contre la poitrine de Marco. Son cœur battait de façon régulière sous son oreille, et elle réalisa qu’il s’était endormi. Elle ressentit une pointe de douleur.
Comment pouvait-il s’être endormi ? Juste comme ça ? Peut-être qu’il était tellement habitué à avoir des femmes dans son lit que cette nuit n’était pas une grande nouveauté pour lui. Mais pour elle, c’était une étape importante, physiquement autant qu’émotionnellement. C’était ironique, vraiment, après tout ce qu’ils avaient fait cette nuit, qu’elle soit allongée à côté de lui et se sente totalement seule.
Qu’est-ce qui n’allait pas chez elle, pour qu’elle attende toujours un peu d’intimité de la part des gens ? Chaque fois qu’elle baissait sa garde, c’était la même chose. Il n’en irait pas différemment de Marco. Il l’aimait bien, peut-être, mais il n’était pas amoureux d’elle. Tôt ou tard, elle était condamnée à souffrir.
Elle s’écarta de lui et regarda par-dessus le lit. Seul un faible trait de clair de lune éclairait la pièce, mais après avoir parcouru le sol des yeux, elle repéra son sweat-shirt. Elle se redressa et le passa sur ses épaules.
— Hé.
Marco enroula son bras autour de sa taille.
— Qu’est-ce que tu fais ?
Elle se retourna. Il semblait étonnamment alerte pour quelqu’un qui dormait quelques secondes auparavant.
— Il faut que je mette quelque chose.
— Mais non.
Il glissa ses mains sous son sweat-shirt, le passa de nouveau autour de sa tête et le jeta par terre.
— Je te préfère comme ça.
Il l’attira contre lui et l’entoura de ses bras forts.
— Je croyais que tu dormais, dit-elle par-dessus son épaule.
Son rire dégagea un souffle chaud contre sa nuque.
— Je prenais juste un instant de répit.
— Vraiment ?
Elle se retourna pour lui faire face.
— Vraiment. J’ai pas vraiment l’intention de dormir des masses cette nuit, toi si ?
Il posa une main sur son sein et elle sentit de nouveau une vague de chaleur s’insinuer en elle. Puis il immobilisa sa main et regarda Feenie un long moment.
— Quoi ?
— Tu es très belle, tu le sais ?
Elle sourit. Ce n’était pas vraiment une déclaration d’amour, mais c’était quelque chose. Surtout la manière dont il l’avait dit, d’un ton grave et sérieux.
— Merci, murmura-t-elle en faisant traîner un doigt sur sa poitrine.
Il avait un corps tellement parfait et musclé qu’elle n’arrivait pas à croire que Juarez était vraiment là. Avec elle. Avec toutes ses imperfections à elle, tout sauf musclées.
— Je te trouve très beau aussi.
Il grimaça.
— Les mecs ne sont pas « très beaux ».
— Si, parfois.
— Qui déchire, peut-être. Ou canon. Choisis un mot qui fait pas fille.
Elle embrassa son biceps et le regarda.
— Moi ça me plaît « très belle ».
Il soupira.
— Voilà pourquoi je fais pas les confidences sur l’oreiller. C’est trop fleur bleue.
Elle sourit et l’embrassa de nouveau. Au bout du compte, peut-être bien que le papotage était effectivement superflu.